Par Maude Paquette
Suite du texte Mon GPS a fait défaut
Et si ma boussole n’était pas cassée, finalement? Et si je refusais tout simplement d’écouter ce qu’elle m’indiquait, sans filtre et sans considération pour la manière dont je recevais l’information? Je n’étais juste pas prête à regarder la réalité dans le blanc de la vérité brutale qu’elle représentait et qui n’avait pas l’ombre d’une zone grise. Le gris, il était ancré dans mon être pendant tout ce temps que j’ai pris à comprendre qu’il n’y aurait plus de lendemain ensoleillé sans que je gravisse la montagne qui s’imposait sur mon chemin, sillonnée de sentiers ardus sur lesquels je devrais courageusement choisir de m’aventurer. J’avais une forêt sombre et franchement inquiétante à traverser avant d’atteindre la clairière, puis le champs fleuri, baigné de la lumière éblouissante des beaux jours.
‘’Mange ta sandwich, qu’un bon ami m’avait dit un jour. Quand elle passera plus, tu vas partir. T’es juste pas prête.’’
Six mois se sont écoulés depuis que mon coeur a jugé que mes provisions de courage étaient suffisantes pour enfin les disposer soigneusement dans mes valises, bien entassées parmi ce qui m’appartenait de cette vie qu’on a mis dix ans à construire ensemble. J’écris ce papier de la cuisine immaculée de mon chez moi juste à moi. Je savoure ma liberté autant que le café matinal qui accompagne tous mes réveils dans le confort de ce sentiment de béatitude qui est enfin revenu se nicher au creux de mon coeur et de ma tête.
La moitié de cette nouvelle réalité a son lot de conséquences plus difficiles à accepter, certes. Nos garçons me manquent chaque seconde de leur absence. C’est sans aucun doute l’élément le plus crève-coeur de l’éclatement du noyau familial que ce sentiment de manquer une partie de l’existence de ses marmots. L’angle que j’ai choisi de prendre pour mieux vivre avec ce déchirement, c’est de me rappeler que s’il y a quelque chose qu’on a réussi ensemble, incontestablement, c’est bien nos deux petits H. Que j’ai la chance de pouvoir dire qu’ils ont un papa extraordinaire et qu’ils sont entre excellentes mains lorsque pas entre les miennes. Et ça, eh bien, c’est majeur en soi, et je t'en serai à jamais reconnaissante.
Il est non négligeable d’ajouter que le temps qu’ils vivent en ma présence a changé catégoriquement. Leur maman a un sourire plaqué au visage en quasi permanence, maintenant. Leur absence est sucrée-amère, puisqu’elle me permet de me reconnecter à moi-même. J’ai envie de créer à nouveau. J’écris. Des billets, de la musique, tout et rien. J'ai le temps de juste prendre le temps.
Je le sens et je le sais que du bonheur émane de moi à nouveau. C’est palpable. J’étais si… Éteinte. La faible lueur qu'il me restait, j’ai tellement soufflé dessus ces derniers mois, que c’est redevenu un grand feu de joie. J’ai recommencé à avoir hâte à tout. Hâte au matin, hâte au soir. Hâte de vivre.
Je pourrais choisir de m’en vouloir de pas m’être permise de renaître ainsi plus tôt, mais j’accepte pleinement le cheminement que j’ai eu à faire pour me rendre ici. L’avenir est doux et brillant. Du haut de ma jeune trentaine, je suis mieux équipée que jamais pour reconnaître le bon chemin pour moi à chaque carrefour qui se présentera dans ma vie. Chaque page blanche est inspirante et m’allume. Je sais que je peux faire confiance à mon GPS, il est un guide carrément implacable de la map Maude.
La tempête aura eu raison de nous. Et tu sais quoi? C’est correct. Y a beaucoup de beau qui coulera à jamais dans les veines de ce qu’on créé ensemble. Et on se retrouvera, ici et là, de temps en temps, quelque part entre nos vies que nous reconstruirons parallèlement, pour s'extasier de l'existence de nos créatures.
Merci d’avoir parcouru cet important tracé de ma map avec moi. Je te laisse mes vingt ans et la promesse que je continuerai d’être la meilleure maman que je puisse être pour H&H.
Sois heureux. Je tâcherai d'en faire autant.
M.